Bonjour à tous, voilà la suite de la première partie ! Après la montée depuis Lukla et quelques jours de balade autour de Namche Bazar pour s’acclimater à l’altitude, nous continuons la marche en direction du camp de base de l’Everest !

 

PARTIE 2 : De Namche Bazaar à Chukhung (Jours 4-7)

Vendredi 05 Novembre 2010, Trek Jour 4, Namche Bazar –> Tengboche –> Deboche

Réveil à 6h30 ce matin, et départ tranquillement peu après 8h. La première partie de la journée s’effectue en ligne de niveau, et le paysage est splendide ! J’ai de la chance avec la météo, grand ciel bleu et pas un nuage, pourvu que ça dure !

Vers 10h30, c’est l’heure de reprendre des forces, et nous nous arrêtons prendre un bol de nouilles après le pont de Phungi Thanga.

Quelques rencontres originales à signaler sur cette portion du trek, notamment de jeunes écolières en habits traditionnels

… mais également de très nombreux yacks, chargés de gros sacs ! Attention aux cornes !

La fin de la marche est une longue et raide montée, qui permet de s’élever de près de 600 mètres pour rejoindre Tengobche.

L’arrivée dans ce petit village, situé à 3860 mètres d’altitude, est magnifique : le monastère à gauche, le massif de l’Everest en face, et l’Ama Dablam à droite ! Superbe ! Et le tout avec un grand ciel bleu, yipee !

Malheureusement, aucune chambre de libre dans ce petit village au panorama de rêve, tout est complet. Nous continuons donc jusque Deboche, situé 20 minutes plus loin, et je prends mes quartiers au « Paradis Lodge ». L’endroit est moins paradisiaque que Tengboche, mais je ne vais pas me plaindre, ils ont une chambre pour moi !

S’ensuit l’opération « douche froide ». Et oui, n’ayant pas réussi à obtenir un seau d’eau la veille à Namche, je retente ma chance aujourd’hui ! Mais ici aussi, on me propose de payer 300 roupies pour une douche chaude au gaz… quelques longues minutes d’explications plus tard, j’obtiens – enfin ! – un seau d’eau froide, et je m’enferme dans la douche pour faire ma toilette. C’est là que le supplice commence, car l’eau n’était pas froide, mais littéralement glacée ! Etre propre, ça se mérite ! Ou ça se paye, c’est selon…

En milieu d’après-midi, nous décidons de remonter à Tengboche, pour aller visiter le monastère. Avec uniquement un petit sac, on se sent beaucoup plus léger ! La vue à Tengboche est toujours aussi chouette, même si le massif de l’Everest a maintenant disparu dans les nuages. Nous visitons le monastère, très joli et coloré, à l’intérieur quelques moines récitent des prières.

Juste au dessus de nous, l’Ama Dablam semble fumer, telle une gigantesque cheminée, avec les nuages qui s’accrochent à son sommet.

De retour au Paradise Lodge, l’ambiance est morose, presque tendue : une jeune femme, sévèrement atteinte du mal des montagnes, est en attente d’évacuation par hélicoptère. Elle fait partie d’un groupe de 10 trekkeurs, et était malade depuis quelques jours, mais ne voulait pas s’arrêter… Il paraît que 80% des accidents sérieux de mal des montagnes surviennent lors de treks organisés en groupe, et ceci n’est pas étonnant : se déplacer en groupe offre moins de flexibilité pour redescendre, et la peur de ralentir le groupe pousse certains à cacher leurs symptômes…

Quelques minutes plus tard, l’hélicoptère atterrit dans un grand nuage de poussière, à quelques mètres du lodge. La jeune femme est évacuée, saluant ses amis d’un signe de la main… C’est finalement assez émouvant de voir cette évacuation en catastrophe, et cela nous rappelle que la montagne peut être dangereuse si l’on n’y prend pas garde. Une bonne leçon d’humilité !

Il est 16h30, le soleil disparaît derrière la montagne, et la température chute rapidement. Je suis bien content d’avoir pris ma douche en milieu de journée, car à présent il fait bien trop froid !

Ce soir, un nouveau Dal Bhat… ce plat typiquement népalais est composé de riz blanc (bhat), de légumes frits au curry et d’un bol de soupe de lentilles (dal). La particularité de ce plat (c’est écrit nulle part, mais tout le monde le sait !), c’est que c’est servi à volonté, une aubaine pour nos estomac affamés…

Assises à ma gauche, mes deux voisines originaires de Suisse allemande dégustent un véritable festin, sur lequel je lorgne avec un soupçon de jalousie : steak de yack, purée de pomme de terre, pop corn, et une bouteille de Sprite ! Quel luxe, c’est presque indécent ! J’apprends qu’elles sont accompagnées par une équipe de 7 personnes : guide, cuisinier, porteurs… pas étonnant qu’elles soient choyées ! C’est le trek version « confort maximal », sans aucune (ou presque) privation !

Peu avant 20h, c’est l’extinction des feux. Mon mal de tête semble avoir disparu, tant mieux, et pourvu que ça dure ! En revanche j’ai eu une douleur au genou à la fin de la journée lors de la remontée sur Tengboche, j’espère que ça va s’estomper demain. J’ai volontairement ralenti le rythme pour ménager l’articulation douloureuse…

Demain direction Dingboche, où nous passerons probablement deux nuits, pour s’acclimater progressivement à l’altitude.

 

Samedi 06 Novembre 2010, Trek Jour 5, Deboche –> Dingboche

J’ai passé une nuit correcte, même si j’ai été réveillé par le froid. La bouteille d’eau chaude comme bouillote, c’est une excellente idée, mais après quelques heures, la bouteille se transforme en un véritable glaçon, et ça devient nettement moins agréable !

Mauvaise nouvelle, j’ai de nouveau mal à la tête ce matin. Foutu mal des montagnes qui ne veut pas me lâcher ! La douleur est légère, certes, mais je la sens quand même… Nous décidons avec mon guide de continuer comme prévu, sans forcer. Si le mal de tête persiste, nous redescendrons…

Vers 10h, nous nous arrêtons pour un léger casse-croûte dans le village de Shomare. Le village de Tengboche, que l’on aperçoit en bas de la photo ci-dessous, semble déjà bien loin !

Nous continuons la montée. Mes amis rencontrés les jours précédents, à savoir Jan le Canadien et Frederick l’Allemand, marchent devant d’un pas rapide, suivis par les guides. Je suis quelques centaines de mètres derrière, je marche lentement, ralentissant volontairement mon allure pour mieux m’acclimater, mais également un peu affaibli par ce mal de tête. Et puis à la différence de mes amis du jour, je n’ai pas de porteur pour alléger mon sac, et ça change beaucoup la donne !

La dernière partie, et notamment l’arrivée à Dingboche, est superbe. L’Ama Dablam est sur notre droite, et au fond se trouve le massif du Lhotse, qui du haut de ses 8500 mètres cache désormais l’Everest.

Il est midi lorsque nous arrivons à Dingboche, et je m’installe dans la salle commune du lodge pour reprendre des forces avec un bon plat de nouilles. Je discute avec Frederick l’Allemand, qui me raconte qu’il est arrivé à Kathmandu sans son bagage, car celui-ci a été perdu par la compagnie aérienne. Je suis surpris de constater le nombre de personnes que j’ai rencontrées lors de ce trek et dont les bagages ont été perdus ou retardés ! Et à chaque fois lors d’une escale en Inde…

Dans l’après-midi, je décide d’aller me balader. Je remonte à travers le village, puis monte sur la crête qui domine le village. C’est magnifique ! A l’Est, l’Ama Dablam surplombe le village de Dingboche.

(j’ai pu prendre cette photo grâce à mon objectif grand-angle… car sinon ça rentre pas !)

Au Nord, le massif enneigé du Lhotse, 4ème sommet le plus haut du monde, 8513 mètres d’altitude !

Et derrière moi, à l’Ouest, une jolie vallée, qui mène vers le village de Pheriche, d’où reviennent quelques porteurs .

Toutes ces vues splendides m’ont presque fait oublier mon mal de tête, mais il est toujours présent. En revanche la douleur au genou ressentie hier a complètement disparu, c’est une bonne nouvelle ! Demain, nous avons prévu une journée de balade tranquille autour de Dingboche, pour s’acclimater à l’altitude. Une journée sans trop forcer, car il faut avouer que je n’étais pas au top de ma forme aujourd’hui !

Le soir, dans la salle commune du lodge, je discute avec un groupe d’anglais qui reviennent du camp de base. C’est finalement assez rageant de discuter avec les gens qui descendent ! Tu les écoutes avec envie, avec un soupçon de jalousie… ça y est, « ils l’ont fait », les veinards, et en plus ils ont eu une météo clémente… ils te mettent en garde « il fait -15 degrés là haut », ou même « ah oui c’est dur, seulement 3 d’entre nous 8 sont arrivés en haut du Kala Patthar » (que j’ai prévu de monter également), ou encore « faites attention, une personne de notre groupe a été évacuée par hélicoptère », et j’en passe… Bref, je préfère discuter avec les gens qui montent, qui en bavent aussi, comme moi !

Vers 19h30, je m’enfile dans mon sac de couchage. J’ai placé deux grosses couvertures au dessus de mon sac de couchage, c’est le grand luxe ce soir, je n’aurai pas froid !

 

Dimanche 07 Novembre 2010, Trek Jour 6, Acclimatation à Dingobche

Malgré les couvertures supplémentaires, la nuit n’a pas été bonne, et j’ai été réveillé plusieurs fois durant la nuit par des crampes d’estomac… serait-ce le Dal Bhat avalé au dîner qui n’est pas passé ?

Réveil vers 7h. Avant de partir pour la marche du jour, je fais une lessive. Sachez que faire sa lessive avec une eau à 0 degré (le bidon d’eau avait gelé pendant la nuit) dans lequel flotte quelques glaçons est un véritable supplice pour les doigts !

Une heure de montée nous permet de rejoindre un petit sommet (4600 mètres, tout de même !) qui domine Dingboche.

Puis nous descendons sur Pheriche. Il n’y a pas de chemin, alors nous descendons à vue. Ca me rappelle mes randonnées itinérantes dans les Pyrénées, où l’on s’aidait parfois des moutons pour trouver des passages… Ici pas de moutons, mais plutôt des yacks !

Lorsque nous arrivons dans le village, l’ambiance est tendue, et pour cause : un hélicoptère vient de s’écraser, il y a peine une demi-heure, sur les flancs de l’Ama Dablam. Le pilote était pourtant expérimenté, avec 16 ans de pratique, et venait récupérer deux japonais en détresse. Les causes du crash sont pour l’instant inexpliquées, surtout qu’il faisait beau. Le précédent accident d’hélicoptère dans la vallée remonte à 6 ans, ces accidents tragiques sont (heureusement) rares…

Nous nous arrêtons prendre un milk tea dans un lodge de Pherriche. Dans la salle commune, un diplôme encadré du « Tenzing Hillary Everest Marathon 2005 ». Tous les ans le 29 mai, date anniversaire de la première ascension de l’Everest en 1953, se déroule le marathon le plus haut du monde, dont le départ est donné au camp de base de l’Everest (5300m) et l’arrivée est à Namche Bazar (3200m) ! Au total, 42,195 km de souffrance !

De retour à Dingboche, je fais un rapide passage au cybercafé. Sans doute l’un des plus hauts du monde, nous sommes à 4200m ! Les trois ordinateurs portables fonctionnent à l’énergie solaire durant la journée, et un générateur prend le relais quand le soleil disparaît !

A 15h, j’assiste à « l’Altitude Talk », qui consiste en une discussion avec un médecin sur les dangers du mal des montagnes. Nous sommes seulement 4 trekkeurs à y participer, et c’est pourtant très intéressant ! On nous rappelle les règles de base pour l’acclimatation (boire beaucoup, monter progressivement, etc) mais également les différents symptômes et complications que l’on peut rencontrer. J’y apprends notamment qu’il y a un temps de latence avant le déclenchement des effets de l’altitude, généralement entre 6 et 12 heures après avoir atteint une altitude plus élevée.

 

Lundi 08 Novembre 2010, Trek Jour 7, Dingboche –> Chukhung

Après une mauvaise nuit (ah, l’acclimatation…), c’est avec un mal de tête (encore…) que je prends mon petit déjeuner, vers 7h15. Nous décidons avec mon guide de monter jusqu’au village de Chukhung, et nous redescendrons si nécessaire. Avec seulement 300 mètres de dénivelé positif, cette étape ne devrait ne devrait pas présenter de difficulté.

A 8h30, c’est parti pour une très belle marche, en pente douce.

La marche jusque Chukhung nous prendra 3 petites heures, en incluant une pause thé dans le refuge ci-dessous. J’ai déjà vu pire comme panorama pour siroter un thé !

Une fois arrivés à Chukhung, nous prenons nos quartiers au Sunrise Eco Guesthouse Lodge, et j’avale une soupe de nouille : les fameux « rara noodle soup », pour ceux qui connaissent ! En déballant mon sac, je me rends compte que ma poche à eau a de nouveau fui… j’en suis quitte pour faire sécher mes affaires dehors, et notamment mon matériel photo !

Juste devant le lodge, un trekkeur japonais se prépare à l’ascension du Island Peak et s’entraîne à a technique du rappel. Superbe terrain d’entraînement, avec le Lhotse (8513m) en toile de fond !

Le village de Chukhung est en effet le point de départ pour les expéditions vers Island Peak (6183m). D’ailleurs, le petit village semble vivre uniquement des trekkeurs, et on peut y louer tout le matériel nécessaire à l’ascension. L’Island Peak, du haut de ses 6183m, est considéré comme un 6000m « facile » (mais ça reste un 6000 !). Il suffit de payer, comptez tout de même plus de 500 USD pour 3 jours…

L’après-midi, je décide d’aller marcher sur la crête que j’aperçois depuis le refuge. Une belle balade, je suis parti plus de deux heures !

A ma droite se trouve l’Ama Dablam, méconnaissable de ce côté, ainsi le très beau glacier de Chukung (photo ci-dessous). A ma gauche, le massif du Lotse, ainsi que de petits lacs que l’on aperçoit dans le glacier du Lhotse. Et en face de moi, l’Island Peak (6183m) et Peak 38 (6300m).

Fin de journée en terrasse, au soleil, les pieds en éventail… avant que le soleil ne passe derrière la montagne, provoquant une brutale chute de la température !

Dernières lumières sur le massif du Lhotse, juste avant que la brume ne monte de la vallée…

Il règne une certaine agitation ce soir dans le refuge, les prétendants (tous des allemands !) à l’ascension du Island Peak affinent leurs derniers réglages : crampons, chaussures, étude du parcours…

La météo pour les prochains jours est incertaine, notamment à cause des nuages d’altitude que nous avons aperçus aujourd’hui. J’avais initialement prévu de rester une journée de plus autour de Chukhung, notamment gravir le sommet du Chukhung Ri, mais s’il fait beau demain matin nous monterons vers le Kongma La. Ce col, situé à 5535 mètres d’altitude, est le premier des trois cols à plus de 5000 mètres dans l’itinéraire que j’ai prévu…

A bientôt pour la suite ! Je vous promets de la haute altitude, avec plusieurs passages à plus de 5000m ! VOIR ICI

A lire ou relire : Everest Base Camp Trek, partie 1 : Lukla -> Namche Bazar (Népal)

 

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7 réponses à Everest Base Camp Trek, partie 2 : Namche -> Chukhung (Népal)

  1. Sophie dit :

    Merciiiii!!! La suiiiite!!!! ;-)

  2. monsieurma dit :

    Bonjour,

    Merci pour ton récit. C’est splendide !

    Cela change de la plage.

    A bientôt

  3. Julien dit :

    Superbe !

    Vivement le premier col a 5000 !

  4. nani dit :

    Magnifique ! Encooooore ! N.

  5. sadia dit :

    Un grand merci Thibaud,je viens de découvrir tes aventures au quotidien:magnifiques!!

    Sadia

  6. celton Marie dit :

    Bonjour,
    D’abord Bravo. Merci pour ce récit détaillé, d’accord c’était en 2010 mais je pense que ça n’a pas du changer beaucoup depuis. je m’apprête à faire le trek d’ici 3 semaines, l’an dernier j’ai fait le tour de l’Annapurna, le camp de base, et un petit tour au sud Mustang et j’ai adoré.. donc je n’ai plus qu’une envie c’est faire quelque chose de nouveau là-bas. J’essaie de savoir si un guide est obligatoire, car je prévois de le faire avec un ami.. et je me suis rendue compte qu’ils n’étaient pas vraiment indispensables dans les treks que j’ai faits au Népal… pas encore trouvé l’info .. Merci encore pour ce récit très bien écrit, j’avais l’impression d’être déjà sur le chemin, et les belles photos.
    Marie

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